mercredi 19 décembre 2012

Envols

Cette pensée-là, je l'ai écrite il y a quelques semaines. Le samedi 17 novembre pour être exacte. Je vous la mets telle quelle.
Parce que dans les moments de découragements, quand mes études ne m'intéressent plus et que les résultats ne vont pas, ce sont ces petits moments, ces souvenirs, qui me redonnent envie.
Quand rien ne va plus, j'y vais quand même. Parce que je sais qu'en sortant au plus tard quelques heures après, ça ira mieux.




Oui, c'est fatigant voire épuisant certaines fois.

Oui, parfois j'ai la flemme et je préférerais me blottir au chaud sous ma couette plutôt que d'y aller.

Mais bon...

Alors quand il a insisté pour qu'on fasse cours de 18h30 à 20h après sa réunion de délégués jeudi, j'y ai été.
Et j'ai tenté du mieux que je pouvais, malgré mon pauvre cerveau embrouillé par la fatigue de la journée et de la semaine, en répétant inlassablement, en essayant d'être la plus claire possible, en cherchant à reformuler encore et encore pour obtenir cette clarté, de lui faire toucher du bout des doigts, la puissance de la théorie des ensembles et des espaces vectoriels mais aussi l'abstraction qui va avec.

Et quand hier mue par un pressentiment j'ai regardé mon portable avant le dernier cours de la journée et que j'ai lu ce message comme quoi elle était malade (gastro fulgurante) et voulait savoir si j'accepterais de faire les deux cours des petites, j'ai dit oui sans la moindre hésitation. Tant pis si je ne rêvais que d'une chose depuis trois jours : dormir parce que j'étais crevée.
Avant de passer le cours préoccupée à y penser sans rien écouter...

Je suis partie en courant, arrivée juste à temps. J'ai rassuré les mamans, rassuré les petites, cherché la clef en vain. On ne l'avait pas.
Donc pas de musique. Elles allaient s'ennuyer, être intenables et moi dépassée.
Tant pis !

Je leur ai fait cours de danse sans musique.
Même chose avec le groupe suivant.
J'ai fait du mieux que j'ai pu.

Et rien que pour ces instants volés, tout ça en valait la peine.

Ces instants fugaces auxquels on ne prête pas attention sur le coup, qui nous tirent juste un sourire.

Et puis quand on y repense le soir allongé dans son lit, ce sont eux qui viennent à l'esprit en premier sans qu'on sache pourquoi.
C'est à ce moment-là qu'on prend conscience, qu'on se rend compte à quel point ils sont précieux, inestimables, rares et éphémères.

Cette petite phrase et cet air fasciné en regardant la feuille de brouillon dont je m'étais servie, aperçu du coin de l'oeil en rangeant mes affaires : "On peut faire tellement de choses avec les maths en fait !"

Quand je l'ai vue passer à côté de moi alors que je soutenais sa copine visiblement peu sûre d'elle, avec le sourire, parfaitement droite, à l'aise sur ses pointes alors que c'était la première fois qu'elle montait dessus.

Je n'ai rien fait, rien pu faire d'autre que sourire et hocher la tête sans vraiment relever.

En y repensant, j'en ai pleuré.

De joie, de fatigue sans doute un peu aussi vu mon état.

Deux instants de grâce en deux jours, un trésor !

Et puis, il y a leurs sourires, leurs rires, leurs petites phrases, leurs questions, leurs réflexions, ces étoiles dans leurs yeux, ces lumières qui s'allument dans leur regard quand ils ont compris ou enfin réussi, leur fierté...
Tous ces rires, leurs regards graves en m'écoutant expliquer pourquoi on ne leur faisait pas commencer les pointes trop tôt et leur approbation "Moi je trouve que vous avez raison de faire comme ça !", les questions inquiètes "Mais si on l'âge de passer dans les Bleues mais qu'on ne peut pas faire de pointes on est obligé de refaire une année en Fuschia ?" suivies d'un soupir de soulagement après une réponse rassurante, avant de retourner se chamailler avec leurs copines.
Toutes ces fausses récriminations, ces plaintes comme quoi elle trop mal à l'orteil, il est cassé, on se contente d'en rire un peu inquiète tout de même parce que contrairement à sa camarade, elle n'était visiblement pas à l'aise même si pour une première fois, il n'y a rien d'inquiétant, on tourne le dos, et quand on entend un "On en refera ?!" plein d'espoir, on se retourne pour voir des yeux suppliants, pleins d'espoir, qui n'attendent qu'un oui et un sourire pour se remplir d'étoiles et s'illuminer d'un sourire à leur tour.
Tous ces "Déjà !" au moment du salut à la fin des deux cours alors que seule et sans musique, on doute tellement d'avoir réussi, d'avoir bien fait.
Tous ces petits riens qu'on remarque pourtant plus et qui illuminent une journée.

J'ai accompagné sa découverte des vraies maths et leurs premiers pas sur pointes.

J'ai plus simplement été là, été témoin d'une part de leur enfance ou de leur apprentissage, fait partie de leur vie quelques heures et essayé de leur apporter ce que je savais, de leur donné tout ce que j'avais, tout ce que je pouvais leur donner à ce moment-là.

C'était un peu la même chose avec l'animation cet été. Je me rends compte que j'ai finalement peu parlé de mon mois de juillet. Trop de choses à la fois sans doute.

Leur envol dont je ne suis que le témoin, mon envol personnel un peu aussi.

Notre envol...

C'est fatigant, épuisant même, mais bordel qu'est-ce que j'aime ça !!!

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